Quelques films fraîchement sortis en salle en 2022 et 2023, actuellement disponibles sur certaines plateformes.
Ces films démontrent qu’en France le cinéma d’auteur a créé le renouveau. La qualité est là tant dans le casting que dans l’esthétique de l’image. Ce qui est encore plus surprenant c’est qu’il traitent des sujets politiques et de moeurs. Le cinéma d’auteur français se porte donc plutôt bien. Il est financé et remporte des prix à l’international. Rappelons que le fonctionnement du CNC ( Centre Nationale de la Cinématographie) ne dépend absolument pas des impôts mais il est financé selon un modèle très français que l’on appelle l’exception culturelle française.
Le cas de trois films La syndicaliste, Saint Omer, Anatomie d’une chute…
Ces films ont tous pu se faire grâce aux aides du CNC et d’autres guichets de financement propres au cinéma (mentionnés dans les génériques). Si comme le dénonçait à juste titre Justine Triet au moment où elle recevait la palme d’or pour son film Anatomie d’une chute, de nombreux réalisateurs et réalisatrices de talent ne peuvent faire leur film par manque de financement. S’il faut rappeler que le cinéma est un art qui coûte cher, rappelons que ce renouveau du cinéma français contrairement à la nouvelle vague, ne casse pas les codes du cinéma. Bien au contraire il reste fidèle à sa profession et se rapproche de l’imaginaire du cinéma américain. Saint Omer et Anatomie d’une chute se passent pour une bonne partie du film dans un tribunal. Le film la Syndicaliste inspiré d’une histoire vraie, comme le film Saint Omer, est une vraie réussite et un étonnement. Le réalisateur Jean Paul Salomé a choisi de raconter l’histoire de cette femme syndicaliste au sein d’Areva et qui se retrouve piégée par le système mis en place par son nouveau directeur et l’Etat à cause de son militantisme. Le film est courageux, et Isabelle Huppert interprète le rôle à merveille. « Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… Est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ? ». Le choix des scénaristes de mettre au coeur de cette histoire la syndicaliste est simplement judicieux. Un grand personnage ! Ce qui donne tord à bon nombre de producteurs et managers qui disent qu’on ne construit pas un film autour d’un personnage féminin ! Les temps changent et c’est tant mieux pour nous.
Des aventures féminines
L’aire du mouvement MeToo a mis en place tout un réseau d’influence et dans le cinéma d’aujourd’hui la présence féminine est plus forte. Le cinéma français compte de plus en plus de films mis en avant grâce aux luttes d’associations de femmes cinéastes comme partout dans le Monde (Women in Hollywood, Films Fatales, 50/50, EWA, Women in film, CCNA) et tant d’autres collectifs qui ont lutté et continuent de le faire pour cela. Notons également que si la France a été à la traîne, elle a su prendre des initiatives en imposant par exemple une journée de formation pour faire face et prévenir le harcèlement sexuelle dans le cinéma. Le CNC a mis en place un intéressement pour les producteurs qui favorisent des techniciennes dans leur équipe, ou qui produisent des films de femmes. Même si Justine Triet, Alice Diop ont commencé à faire des films bien avant MeToo, c’est aujourd’hui qu’elles sont mises en avant et peuvent gagner des prix au même titre que leurs confrères hommes.
Qu’en est-il de la diversité ethnique ?
La diversité ethnique est un credo qui reste à la traîne dans le cinéma français. Les cinéastes français et françaises d’origine africaine par exemple peinent à financer leurs films. Justine Triet le disait haut et fort à Cannes, elle se sent privilégiée et reconnaissante même si elle craint la marchandisation voulue depuis de longues années par le gouvernement. « L’exception culturelle française dit que les films n’ont pas besoin d’être rentables, et c’est ce qu’on nous envie. Et je pense que non, il y a un glissement lent vers l’idée qu’on doit penser à la rentabilité des films. ». Même si Alice Diop reçoit le Lion d’argent à la Mostra de Venise pour Saint Omer, le cinéma français reste cantonné à des valeurs ethnocentrées. Les cinéastes de la diversité ethnique se font rare et ceux qui arrivent à financer leur cinéma ne sortent que peu des sentiers battus et des clichés où reste englué le cinéma français. Le renouveau du cinéma de l’Hexagone devra compter avec tout son imaginaire s’il veut réussir cette grande aventure .
Aux Oscars
Rappelons que les films en coproduction française seront très présents aux prochains Oscars. La Passion de Dodin Bouffant qui représente la France, 25 films sont des productions ou coproductions françaises, parmi lesquelles 5 sont des co-productions majoritaires.
R.B.E
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