Omar, la fraise – ou le navet !
– Alors vous avez aimé ?
– Franchement je ne m’attendais pas à ça !
– On reconnait pas l’Algérie !
J’ai voulu questionner ce groupe de jeunes assis juste derrière moi dans la salle. Ils sont venus en groupe d’amis voir Omar la Fraise. La bande annonce est prometteuse.
– Je ne m’attendais pas à ça non plus !
A dire vrai même la musique raï est fade collée à ces images fanées. Reda Kateb est moche. Pourquoi l’avoir enlaidi à ce point ? Son personnage Omar la fraise est sous l’effet d’alcool et de coke tout le temps. D’ailleurs Alger pour le coup est plus que blanche, elle est poudreuse. De la coke à la farine.
Benoit Maginel avec son gros bedon se ballade dans les rues d’Alger à l’aise en sortant un ou deux mots en arabe. Le voilà qu’il a fait son baptême linguistique ! D’ailleurs Roro, le personnage qu’il interprète, fini par être enterré en musulman.
Est-ce que ce film est une comédie ou un bad trip ?
Je vous cache pas que j’ai failli sortir de la salle à plusieurs reprises. La première fois à regarder Reda Kateb en contre plongée avec Roro presque à contre jour, l’image est quasi mauvaise… le dialogue est mauvais, l’interprétation n’en parlons pas.. ces deux grands acteurs en deviennent mauvais ! J’ai voulu sortir tellement j’ai eu pitié de ce jeu d’acteurs. La deuxième fois parce que le chant de Rimitti, de Raina Raï et tout ce répertoire de la musique raï sont utilisés sur des images de violences, de sang, d’enfants des rues. On a l’impression d’être dans un mauvais remake de Calcutta …. Les paris sur Mbappé et Ronaldo, combats de boucs à la place de coqs … l’agglutination des hommes semble irréel…. Mais le film est plus un combat à faire avancer qu’un film qui avance. Où sommes nous au juste ? Dans un mauvais rêve ? Dans un fantasme d’une Algérie qui n’existe pas.
Où sont les femmes ?
La jeune Samia est dure avec Omar la Fraise. Elle est sérieuse, âme charitable… elle ne se laisse pas avoir comme ça ! Et elle joue bien cette Samia malgré son accent un peu défaillant. Le film est français. Les personnages parlent français. Il n’y a rien d’algérien. Même le décors est mauvais. Une villa quasiment vide, une usine qui fabrique des pâtisseries mais on y croit pas. La coke, la farine. Facile comme passage de l’un à l’autre. D’ailleurs quel romantisme autour de l’un et de l’autre. L’amitié à jouer avec la blanche coke et l’amour en jouant avec la blanche farine. La facilité de l’un et de l’autre pour faire comique devient lourdeur.
– Je n’ai pas compris le film ! Me dit un autre spectateur – Pourquoi autant de violence ? Et toute cette drogue ?
Une fiction sur la Maghrébanie
Alors pour ceux qui auraient rêvé d’un film enfin différent ! Et bien non les films français qui parlent des Maghrébans avec les Maghrébans rêvent de Maghrébanie ….. Un pays qu’ils inventent avec des origines qu’ils inventent et des personnages qu’ils fantasment. C’est normal c’est une fiction, c’est pas un documentaire ! Bon sang ! Alors inventons nous aussi une Françaiphanie en débitant un ou deux mots avec délectation et montrer qu’on les maitrise. Prendre à rebours cet imaginaire colonial et le retourner. Car l’imaginaire doit aller jusqu’au bout sinon quoi !
Bref Omar la fraise nous raconte pourquoi on l’appelle la fraise à maintes reprises dans ce navet.
R.B.E
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