HLM PUSSY – Metoo n’en finit pas !

Un film de Nora El Hourch

Synopsis

Amina, Djeneba et Zineb, trois adolescentes inséparables, postent sur les réseaux sociaux une vidéo mettant en cause l’agresseur de l’une d’entre elles. Elles devront choisir entre sauver leur amitié ou céder face aux pressions.

Un film de jeune femme

La jeune réalisatrice a mis du temps à rendre à l’image son histoire. Elle y est arrivée soutenue par de grands fonds et c’est tant mieux. Cette fois encore nous voilà plongée dans l’univers de la banlieue parisienne, à la différence que c’est finit l’imaginaire dégoulinant de testostérone. Le film est féministe et se déroule dans l’intimité de trois adolescentes. Elles s’appellent Mina, Dje et Zineb, elles ont des préoccupations de leur âge et leur amitié protège leur innocence. Le décor est planté, les stéréotypes de Kaïra sont cassés. Les trois filles sont belles, parlent comme toutes les autres filles de leur âge, et quand on assiste à un cours, on dépasse le cliché des classes de gamins violents qui n’aiment pas l’école et qui n’écoutent pas leur prof. Ici il est bien montré que l’échange et l’écoute sont possibles.

Les garçons et les filles

Le film n’existerait pas s’il n’y avait pas un message fort derrière ces moments de tendresse entre ces trois amies collègiennes. Un adolescent Zak tourne autour de Zineb, la soeur de son meilleur ami. C’est dit ! Il est gluant de proximité jusqu’au harcèlement. Les trois amies vont devoir faire face chacune à sa manière à ce prédateur qui de plus les menace quand elles réussissent à le piéger sur les réseaux sociaux. Le message est clair, dans ce film engagé contre le harcèlement sexuel faite aux filles dans les cités. Et en même temps, la cité est défendue comme un lieu de sociabilisation. On assiste à un anniversaire où les voisins sont conviés. La réalisatrice nous fait réfléchir sur cette impossibilité pour les banlieusards de se rendre à Paris. Elle casse cette frontière grâce à Mina, un personnage qui ne cesse de traverser le périph et qui même en étant d’une famille bourgeoise souhaite rester dans le même collège que ses amies d’enfance.

Les catégories sociales aussi !

La réalisatrice nous entraîne dans différents univers grâce à son personnage Mina, elle la sort de sa cité et l’y remet pour retrouver la problématique de la violence faîte aux femmes. La maman de Mina est avocate et défend les femmes battues. Mina a pour père un marocain qui a réussi dans la vie, mais il est incapable de montrer son amour à sa fille. Il est marqué par une blessure profonde qui a touché son orgueil, le racisme ! Et c’est ainsi qu’à travers le regard d’une adolescente que des thèmes majeurs de la société française, engluée dans sa xénophobie et ses quartiers populaires, que le film trouve son rythme.

Les garçons de mon âge

L’homme dans HLM PUSSY est présent. Si le papa de Mina est un homme instruit et qui a réussi durement, les jeunes hommes de la cité sont épargnés. Un seul est agresseur et entraine sa bande à faire sa loi. Il y a encore le grand frère qui est dans le banditisme et c’est aussi difficile que ça de ne pas représenter cette frange de la cité. Car oui il faut montrer que ces trois filles qui grandissent trop vite sont conscientes que leur univers est aussi fait de ces hommes qui trafiquent et qui agressent. Le frère de Zineb n’a aucun soupçon sur les intentions de son ami Zak vis à vis de sa soeur Zineb. Ils se connaissent depuis toujours et il fait partie de la famille. Car il est vrai que la plupart des abus sexuels se font dans la sphère privée. La réalisatrice montrent donc différents archétypes chez les hommes de la cité. Il y a Zak, son frère et il y a les autres occupés à gagner leur vie, à vaquer à leurs occupations, et non la cité c’est pas que des garçons qui trafiquent et qui violent. Il y a de tout partout !

Le rapport au monde extérieur

Un chant revient souvent dans ce film, ce sont des féministes d’Amérique Latine qui les premières ont chantés en imaginant des chorégraphies sur des places ou dans les rues. Elles ont permis ensuite à d’autres femmes à travers le monde de copier ces chants ou d’en inventer d’autres. Il est vrai qu’en Amérique Latine les féministes se sont organisées bien avant metoo contre les féminicides et les violences faites aux femmes. La réalisatrice utilise ce chant de façon redondante pour renforcer le combat de la jeune héroïne Mina contre le harcèlement fait à son amie. Si ces amies ont du mal à comprendre son engagement, c’est qu’elles craignent les représailles et qu’elles reprochent à Mina d’appartenir à un monde plus protégé et loin de la cité. Mais la réalisatrice nous montre alors qu’il n’y a pas que dans les cités que les jeunes filles sont harcelées, la nouvelle amie de Mina qui est issue d’une classe privilégiée fait comprendre à Mina qu’elle aurait aimé qu’on se mobilise pour elle quand elle s’est faite abusée. Et c’est comme ça que nous avançons d’un cran et que les stéréotypes liés à la catégorie sociale sont cassés également. Car ça peut arriver à toutes !

Un regard positif

Le film même si de par son rythme par moment a des faiblesses, il porte un regard positif sur les filles des cités, sur la volonté et sur la solidarité. La réalisatrice nous dit que finalement la femme peut vaincre sa peur de son agresseur. Elle n’en fait pas une victime et si elle l’a été, aujourd’hui elle se soulève.

R.B.E

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