Un film léger et grand public
Chaque fois qu’un film français traite d’un sujet dit social, même léger il subit la fachosphère.
Les cinéastes français sont de plus en plus conscients qu’il y a des sujets qui fâchent, et s’en emparer même d’une façon légère va de suite activer la réponse de la fachosphère. Comme ici Quelques Jours pas plus de Julie Navarro avec Benjamin Biolay et Camille Cottin.
Synopsis
« Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte d’héberger Daoud, un jeune Afghan, pour quelques jours croit-il… »
Un film grand public.
La réalisatrice s’attaque d’une façon très légère aux problèmes des demandeurs d’asile qui arrivent à Paris. Ce film a le mérite de raconter quelques réalités de ces migrants mais ils ne sont pas les personnages principaux. La réalisatrice a choisi le point de vue de personnages français issues d’une classe privilégiée. Plutôt décontracté Benjamin Biolay interprète un homme la 40aine passée qui aime la musique rock et qui n’a aucune idée de ce qui l’attend quand son patron l’envoie couvrir un sujet social pour le punir de ses frasques. On reste focus sur ce personnage et son attitude est plutôt positive vis à vis de Hassan, un jeune migrant Afghan. Il l’aide parce qu’il veut faire plaisir à la femme qui lui plaît et qui défend les migrants. Ce journaliste spécialiste de la musique rock entretient avec Hassan une proximité disons amicale, il va l’héberger et le faire entrer dans sa vie tout en l’aidant dans ses démarches de demandeur d’asile. Ce prisme a de quoi dérouter tant tout se passe pour garder le migrant en France et lui éviter les dangers qu’il court en allant clandestinement en Angleterre.
Bien que les scènes se déroulent essentiellement dans une association qui aide les migrants, grâce notamment à des maraudes et des aides juridiques, le film montre que tout se passe bien pour les protagonistes. L’écueil de ce film est dans ce point de vue plutôt mièvre sur les conditions d’obtention du statut de réfugié. Effectivement Pas un jour de plus s’attarde surtout sur l’histoire d’amour des deux personnages principaux et des raisons qui ont poussé Mathilde à devenir activiste auprès des migrants. Aucune scène n’est à proprement parlé du point de vue de Hassan. Ce personnage reste anonyme, à peine savons-nous qu’il a un père qui est malade et qu’il souhaite rejoindre en Angleterre. Hassan est un fin cuisinier, mais c’est tout ce que nous savons de lui. Il est secondaire, comme le sont tous les migrants dans ce film.
La figure du migrant dans le cinéma
Il nous revient à l’esprit le film Welcome de Philippe Lioret avec Vincent Lindon où un jeune migrant Bilal souhaite rejoindre à la nage sa petite amie qui vit en Angleterre. Les personnages avaient une vraie relation humaine et l’histoire de Bilal était l’essentiel dans ce film.
D’autres films ont traité avec plus ou moins de réussite cette relation entre les migrants et les habitants du pays qu’ils traversent. Rares sont ceux qui nous présentent les migrants comme étant des personnages avec des émotions humaines et qui sont traités d’égal à égal avec les protagonistes européens. Un des rare film qui a réussi à mettre dans son centre le migrant est le film Eden à l’Ouest de Costa Gavras qui date pourtant de 2009. Pourtant ce sujet est de plus en plus traité dans le cinéma. La relation entre ceux qui arrivent en Europe et ceux qu’ils croisent est dépeinte toujours du même point de vue, l’étranger, le fragile, la personne sans passé et sans importance. La seule scénarisation possible est ce choc. Or toute histoire portée à l’écran dépend de ce choc entre les protagonistes. Une histoire d’amour avec pour fond la réalité des demandeurs d’asile n’est absolument pas un film qui traite des migrants. Il s’agit d’un prétexte et l’univers des associations qui travaillent au quotidien avec les migrants est à peine effleuré.
La fachosphère et la liberté d’expression
Ce film léger a pourtant été victime de la fachosphère sur AlloCiné. Rappelons que bon nombre de films le sont depuis quelques années dés leur sortie. Ce qui est à déplorer c’est ce lynchage qui démontre bien qu’en France aujourd’hui l’extrême droite est dérangée par toute visibilité de l’étranger dans sa représentation même à peine suggérée. Quand ces films sont attaqués sur Allociné c’est la liberté d’expression qui en prend un coup. Même quand le film n’est absolument pas militant.
R.B.E
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