Un film de Nelson Foix avec Sloan Decombes, Zebrist, Axelle Delisle Saint Eloi Dominique « Don Snoop » et Philippe Calodat.
Synopsis
En Guadeloupe, Chris partage son temps entre deals, aventures sans lendemain et rodéos en moto. Repéré par Odell, le caïd du quartier voisin, Chris se voit confier une livraison à risque. Malgré la mise en garde de son meilleur ami, il accepte la mission. Mais le jour de la livraison, il découvre qu’un bébé a été déposé devant sa porte. Commence alors pour lui, une course infernale qui le mènera à un choix crucial…
Le trafic
Chris est un jeune homme sans histoire mais il n’a pas grand chose à part une vieille moto cross. Il habite une petite chambre et sa voisine est sa confidente et amie avec qui il passe son temps à fumer de l’herbe et à cancaner. Ce film musicalement riche, tombe dans le piège du film d’action où les malfrats s’organisent en bandes et font la loi. C’est alors que Chris est convaincu par un chef de gang parce qu’il lui donne une plus grosse moto. La naïveté de Chris est mise en parallèle avec le côté dangereux et sans pitié des chefs de clan, d’une île où les hommes n’ont pas d’autre choix que le trafic. La vie de Chris bascule à partir de ce moment là.
Le bébé : un symbole religieux
Alors qu’il doit aller chercher un colis et le livrer, il trouve un bébé devant sa porte. C’est cet enfant, qu’il pense être de lui, qui va finalement l’entraîner dans une spirale d’évènements. Chris n’est vraisemblablement pas fait pour trafiquer. Il n’a pas d’autre choix que de traîner avec lui ce bébé sans savoir de qui il est, ni avec qui il l’a eu. De péripétie en péripétie Chris s’attache à ce bébé et il est inconcevable pour lui de l’abandonner parce qu’il lui a été laissé. Un sans domicile fixe que Chris tente de déloger d’une vieille carcasse de voiture, celle de sa mère, fonctionne comme un personnage pivot et révélateur, obnibulé par la religion, il ajoute au film une dimension fantastique. Le bébé est un symbole religieux pour ce SDF, il le prend pour Moïse. Chris le sauve des mains de cet homme et petit à petit il va passer son temps à se protéger et à le protéger des mains des gangs. C’est pourtant la présence de ce bébé qui va plus d’une fois sauver la vie de Chris.
L’image de la Guadeloupe et la filiation
Les films qui représentent la Guadeloupe sont très rares. Ce film est donc important dans la mesure où il est tourné en créole et qu’il raconte de l’intérieur une réalité propre à cette île. Tous les problèmes d’une jeunesse aux prises avec la drogue, le problème de la délinquance et des laissés pour compte est mis en image. Le rôle du père est mis en avant et s’il y a une rupture et un conflit entre le fils et le père au début du film, l’histoire tourne finalement autrement. Il s’agit du symbole de filiation et de paternité. C’est parce que Chris découvre sa paternité qu’il renoue avec son père, et c’est aussi l’aide apporté par son père qui les rassemble. Que laisser à son fils dans une société où le crime est important, où il risque de sombrer soit dans la drogue soit dans le banditisme, voir les deux ? C’est à ce moment précis du récit où l’espoir est permis, où l’on quitte le ghetto et la drogue et où l’on découvre la maison familiale de Chris.
L’espoir en une autre société ?
On découvre le secret que cache Chris, la mort de sa mère, tuée par une balle perdue. Le face à face entre les autochtones et la police, alors qu’ils sont en train de fêter le carnaval. C’est ainsi également que le film se termine, au milieu du carnaval et de la foule, alors que Chris cherche son bébé enlevé par les trafiquants, l’histoire de sa mère et de son assassinat en arrière fond. Il réussira à s’extirper de la situation parce qu’il connait la nature de la violence, parce qu’il l’a détecté et aussi parce qu’il est épargné. Il s’agit d’une guerre de gang et Chris n’en fait pas partie. Sa vie est sauve, et alors le fou SDF lui avoue de qui est l’enfant… L’histoire se termine avec une paternité découverte et assumée et deux enfants sauvés. La vie de Chris et la vie de Zion, ce bébé a finalement un prénom et ce n’est pas n’importe lequel. Zion, est le nom donné au paradis par les Rastas. Il est dans ce film le symbole d’une autre issue possible pour la Guadeloupe, un enfant qui sauvera l’île de sa perdition.
R.B.E
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