SYNOPSIS
Il était une fois, à Gaza en 2007. Yahya, étudiant rêveur, se lie d’amitié avec Osama, dealer charismatique au grand cœur. Ensemble, ils montent un trafic de drogue, caché dans leur modeste échoppe de falafels. Mais ils croisent le chemin d’un flic corrompu venu contrarier leur plan.
Une histoire d’hommes
C’est une banale histoire d’hommes entre hommes. Il n’y a aucune femme dans ce film aux allures de western.
Ce film nous rappelle d’autres histoires comme Le bon, le brute et le truand. Le bon est un jeune étudiant, Yahia, naïf et qui se retrouve malgré lui au coeur d’une histoire de trafic de stupéfiants, plutôt de médicaments.
Gaza est le lieu où se déroule l’histoire, bien sûr, le drapeau palestinien est présent, sa symbolique l’est tout autant, pourtant ce film ne raconte rien de Gaza, il met en scène une histoire de trafiquants et de flics. On repense à tous les films de cette texture, à Lino Ventura, à Robert de Niro…
Ce film est l’histoire d’un homme protégé par un autre homme moins naïf mais aux gros bras, même pas beau, même pas fort, mais englué dans la vie à cause de « cet Israël de merde » comme il le dit, parce que coincé dans ce coin du Monde et obligé de faire son trafic de pilules.
Gaza ou ailleurs ce trafic de pilules existe et c’est le flic anti stup qui veut le faire travailler en tant qu’indic, mais Osama refuse. C’est à ce moment que Osama tombe dans le piège. Il est puni, accepte les conditions et finalement ne va pas le faire.
Once upon a time in Gaza
Il était une fois à Gaza … est la formule pour commencer cette histoire. Et l’histoire qui nous est contée n’a rien à voir avec ce qu’on imaginerait de Gaza. C’est lourd, certes, mais pour d’autres raisons. L’art de raconter, c’est dire les choses sans en avoir l’air. Tout ce qui est dit de Gaza réside dans le côté lugubre des décors, le manque de lumière, l’atmosphère et les comportements des personnages. Yahia, Osama ne sont ni beaux ni costauds, l’un possède un fast-food, trafique, il est en embonpoint, parle des femmes souvent et sa seule relation est amicale. Il aime Yahia pour son côté naïf et entier, il le protège et pourtant les rôles vont s’inverser. Rien n’est acquis ! Gaza est montrée comme une malédiction pour les personnages, tout est raconté avec cynisme. La propagande nationaliste en prend un coup ! Tout est à récupérer et à montrer comme s’il s’agissait du leitmotiv de tout Gaza : tout mort devient un résistant !
L’humour noir
Les frères Nasser racontent avec cynisme une histoire d’hommes qui n’ont aucun choix. C’est là qu’il faut se méfier car Gaza, une prison à ciel ouvert, est un bout du monde où tout est possible en sous terrain. Car même si tous tournent en rond, la vie, elle, continue. Yahia veut quitter Gaza pour la Cis-Jordanie et assister au mariage de sa soeur, mais ses démarches auprès de l’administration israélienne n’aboutissent pas. Sa naïveté à demander les raisons du refus face à une agent palestinienne en dit long sur sa personnalité… Le marché noir fait le bonheur des trafiquants. C’est ainsi que le destin de tous ces personnages est ficelé d’une main de maître. Yahia se retrouve, des années plus tard, à jouer dans un film… le cynisme est alors à son paroxysme quant à l’échange avec le policier ripoux qui faisait chanter Osama. Yahia et ce ripoux vont se rencontrer à plusieurs reprises jusqu’au jour fatal : pour l’un dans la cruauté, pour l’autre dans une autre cruauté, celle d’une balle perdue.
Si Gaza est en filigrane, l’atmosphère, les personnages, le cynisme tout est dénouement à défaut de liberté ! L’enfermement est palpable et en plus de cette prison à ciel ouvert il y a la vraie prison où l’on enferme les trafiquants de toute sorte. Le film qui se tourne à la fin du film nous plonge dans une mise en abyme intéressante. Yahia s’en sort bien, le réalisateur qui l’avait choisi est ravi de sa trouvaille et les responsables du gouvernement sont ravis également car Yahia ressemble au chahid dont parle le film. La responsabilité des frères Nasser à faire ce film est double, d’abord représenter la Palestine à travers le Monde et critiquer le pouvoir en place alors qu’on s’attendrait à ce qu’ils soutiennent une cause coûte que coûte.
Les frères Nasser prônent la liberté en devenant le porte voix d’une population en cours de génocide.
R.B.E
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