Film de Prïncia Car Avec Housam Mohamed (Omar), Leïa Haïchour (Yasmine), Lou Anna Hamon (Carmen), Kader Benchoudar (Tahar), Mortadha Hasni (Ismaël), Achraf Jamai (Ali), Nawed Selassie Said (Momo)
Synopsis
Marseille en plein été. À 20 ans, Omar et sa bande, moniteurs de centre aéré et respectés du quartier, classent les filles en deux catégories : celles qu’on baise et celles qu’on épouse. Le retour de Carmen, amie d’enfance ex-prostituée, bouleverse et questionne leur équilibre, le rôle de chacun dans le groupe, leur rapport au sexe et à l’amour.
Le désir dans la cité mais de qui ?
L’interaction entre des garçons et Carmen, une ancienne du quartier, qui revient en fille prodigue après s’être prostituée manque un peu d’originalité. Les garçons sont pratiquement tous musulmans et au début du film les protagonistes du film sont un noyau de copains d’enfance dont le meneur est Omar, qui a une vie stable entre le centre social qu’il dirige et sa copine Yasmine. Les thèmes de l’histoire sont d’entrée posés : la drague lourde des garçons et l’histoire d’amour idyllique entre Omar et Yasmine. Omar semble un garçon bien sous tout rapport respecté par tous.
Une bande rivale entre dans l’histoire et l’on comprend qu’il s’agit également de jeunes de la même cité mais que leur business est illicite.
Pute ou soumise
Le film obéit aux mêmes nœuds dramatiques que tous les autres films qui racontent les cités. A part Yasmine, Les filles sont quasiment absentes au début du film. Cette fille est jolie, calme et s’occupe des enfants dans le même centre social que son amoureux Omar. Elle est quasi effacée et n’existe qu’à travers Omar jusqu’à ce que débarque Carmen, dont le nom évoque l’opéra de Bizet et qui revient dans la cité. Uniquement par sa présence, Carmen nous éclaire sur le désir des garçons, dont la seule et unique préoccupation va être de l’assouvir. Elle va également révélée à Yasmine son désir pour garder Omar.
Carmen, l’ex d’Omar, a mal tourné. Elle est partie loin de la cité pour se prostituer.
Le cliché de la fille des cités qui fait la pute est donc coché. Mais elle s’appelle Carmen et n’est donc pas musulmane. Elle est l’opposée de la jeune Yasmine qui rêve d’épouser Omar et qui voit en Carmen une rivale. Alors le fil entre ces deux filles va petit à petit se tendre. L’une et l’autre vont devenir le pile ou face du jeu grossier des garçons. Certes Carmen parle ouvertement de sexe d’égal à égal avec les garçons mais elle ne fait que leur donner l’image qu’ils se font des filles putes ou soumises. Ces fameux adjectifs repris ici, n’évoque aucune autre possibilité pour les filles.
Il y a bien le personnage de la mère d’Omar qui conseille à Yasmine de profiter de la vie à son âge, car les hommes partent toujours ! Cette maman semble s’occuper seule de ses enfants. Il y a bien des scènes qui font référence au prince charmant dans le dessin animé que regardent les petites sœurs d’Omar alors qu’il présente son amoureuse à sa mère. Quant à la mère de Yasmine on ne la voit jamais et l’on apprend bien vite qu’elle est bipolaire.
Yasmine vs Carmen
L’histoire tangue entre cette dualité parce que le désir des garçons est central. Carmen n’a pas la distance nécessaire avec leur désir et va naïvement ou avec préméditation tomber dans les bras d’Omar. Le désir est trop fort et les fiançailles avec Yasmine sont alors compromises. Mais alors que tout pourrait s’arrêter là, Yasmine se dédouane d’Omar en se rapprochant de sa rivale et en l’imitant. Le fil est alors rompu et ce qui triomphe finalement va être une amitié féminine. Le conseil de la mère d’Omar est suivi et les filles s’en sortent bien en se rapprochant l’une de l’autre. Leur solidarité va mettre fin au problème de réputation et de rumeurs. Car ce qui compte avant tout ce n’est pas le regard de l’autre mais la liberté.
Il est dommage pour faire passer un tel message d’avoir recours encore une fois au thème de la prostitution des filles de la cité. Ça en devient redondant même si dans ce film Carmen n’est pas musulmane et que Yasmine soit la soumise, on n’arrive pas à dépasser les clichés et les idées reçues. A l’ère de Me-too, bien sûr le film appuie sur le désir des filles, mais sans jamais arriver à dépasser les stéréotypes sociales, ou de genre. Les garçons ne peuvent être que frustrées ou vulgaires et surtout pas compréhensifs. Ils sont aussi englués dans des postures, pourtant on voit bien que ça ne vient pas de leur environnement familial.
R.B.E

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