Aimée Cézaire, déja dix ans!

Il y a 10 ans disparaissait Aimé Césaire, le chantre de la négritude.
Mais qui était il? et que reste t’il de son souvenir .
Né à Basse-Pointe, en Martinique, en 1913, Aimé Césaire a 18 ans quand il quitte son île natale pour s’installer à Paris en 1931. Etudiant en prépa littéraire au prestigieuxLycée Louis Le grand, le jeune homme est studieux. Il se passionne pour des ouvrages d’histoire et de philosophie, et surtout pour les poètes français comme Arthur Rimbaud ou Charles Baudelaire. En 1935, il intègrel’école normale supérieure.
Formation intellectuelle à Paris:

Installé en plein quartier latin, l’étudiant vit l’effervescence intellectuelle qui agite ses rues dans l’entre-deux-guerres. « Les années parisiennes de Césaire ont été décisives, affirme Dominique Combe, responsable du master Théorie de la littérature à l’ENS et auteur d’une version commentée du Cahier d’un retour au pays natalIl y fait beaucoup de lectures et de rencontres. C’est là qu’il va former sa pensée et écrire ses premiers poèmes. »

Il croise notamment le chemin deLéopold Sédar Senghor, futur Président du Sénégal. Le Sénégalais et le Martiniquais se lient d’amitié. Ensemble, ils parlent poésie, histoire et sujets de société. C’est à travers Senghor et ses nombreuses lectures que Césaire découvre l’Afrique. « La relation que Césaire entretient avec l’Afrique passe par les livres, explique Dominique Combe. Dans les années 1930, c’est un intellectuel antillais qui travaille sur le continent mais n’y a jamais mis les pieds. »

La négritude
Les deux hommes font partie des rares étudiants noirs à Paris. Ils découvrent la Métropole et s’initient à la vie culturelle parisienne, dans un environnement encore majoritairement blanc et teinté de racisme. « Imaginez ce que cela signifie à cette époque pour un jeune homme noir de se retrouver au Lycée Louis le Grand ou à l’ENS, avance Dominique Combe. Ce qui rapproche Césaire et Senghor, c’est leur couleur de peau. Ensemble, ils vont chercher à comprendre qui ils sont. »Césaire et Senghor écrivent dans une jeune revue, l’étudiant noir. C’est dans ses pages que Césaire publie ses premiers textes. C’est ici, aussi, qu’il parle pour la première fois de « négritude », un terme indissociable de son œuvre. « La négritude, pour Césaire, n’est pas un concept mais une image, détaille Dominique Combe. C’est la perception très immédiate, très physique, de ce que cela signifie d’être noir dans un environnement blanc. »Au-delà de la perception, la négritude s’accompagne aussi d’une forme de revendication contre le racisme ambiant : « il y a la prise de conscience de son identité noire, puis la défense de cette identité. »

« Père fondateur » des Antilles

Aimé Césaire rentre en Martinique au début de la seconde guerre mondiale, en 1939. La même année il publie l’œuvre poétique qui fera sa renommée : le Cahier d’un retour au pays natal. Passé inaperçu en ces temps troublés, le Cahier connaîtra le succès lors de sa seconde publication, en 1947. Césaire y parle d’Afrique et de négritude, dans un style qui fait écho aux poètes surréalistes de l’époque.

A la sortie de la guerre, le poète est élu sous l’étiquette communiste maire de Fort-de-France en 1945 et député de la Martinique la même année. Il fait de la départementalisation des Antilles son combat politique. Dix ans plus tard, ilrompt avec le parti communiste  et créé son propre parti politique : le Parti progressiste martiniquais. Il conservera son siège de député sans interruption jusqu’en 1993, celui de maire jusqu’en 2001.

Aujourd’hui, Aimé Césaire peut être vu comme un « père fondateur » des Antilles, selon Dominique Combe. Une figure hybride, aussi bien littéraire et politique. « On ne peut pas dissocier l’œuvre de Césaire. Il est à la fois écrivain et homme politique, engagé sur le plan des idées mais aussi sur le terrain. » Dix ans après son décès, l’héritage du chantre de la négritude reste encore bien présent.

MC/AFN
source france info

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